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A la croisée des Orients
A la croisée des Orients
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5 avril 2007

Xinjiang-Rappel historique

1)       Premier bastion en Mongolie et Haute Asie

1.1) An 744 : Les Ouïghours, peuple turc, après avoir fait partie de l’empire des Turcs orientaux, instaurent leur hégémonie sur la Mongolie et la Haute Asie. 

1.2) An 762 : Alliés de la dynastie chinoise des Tang, les Ouïghours sauvent celle-ci d’une révolte en reprenant la capitale Luoyang aux rebelles.

2)       La fondation des deux royaumes du Gansu et du Turkestan oriental

2.1) An 840 : L’empire ouïghour s’effondre en 840 avec l’irruption des kirghizes (peuple turco-mongol) venus de Sibérie. Réfugiés en Chine, ils fondent deux royaumes, l’un dans le Gansu, l’autre dans le Turkestan oriental (Xinjiang). L’islamisation a lieu, très vite pour le royaume du Gansu, plus lentement au Turkestan oriental où le bouddhisme ne s’éteint définitivement qu’au XVe siècle.

2.2) Au XIIIe siècle, le royaume est absorbé par les Mongols, avant d’être remplacés par les Kalmouks au XVe siècle. 

II.Les débuts de la présence chinoise

1)       Une quasi-autonomie pourtant contestée

1.1) 1759 : La dynastie mandchoue intègre le Turkestan oriental dans son espace territorial. Les Chinois n’exercent qu’une souveraineté très lâche sur la région, si bien que les Ouïghours jouissent d’une quasi-autonomie, ce qui n’empêche pas les 42 révoltes ouïghoures contre cette occupation.

1.2) De 1864 à 1877 : Muhammad Yakoub Beg mène la plus importante insurrection contre les Chinois, soutenu par les Anglais et les Russes qui y voient un moyen d’affaiblir l’influence chinoise dans la région. Ce Royaume indépendant est reconnu par l’Empire ottoman, l’Empire russe et le Royaume-Uni.

2)       La crainte de l’avancée russe

2.1) 1881 : Le Traité de Saint-Pétersbourg reconnaît officiellement l’avancée russe au Turkestan oriental.

2.2) 1884 : Pour contrer la présence russe, la Chine transforme avec le soutien du Royaume-Uni le Turkestan oriental en province du Xinjiang (ce qui signifie « Nouveau Territoire »).

III.De l’occupation à la répression au XXème siècle

1)       Les tentatives d’Etat ouïghour

1.1) La chute en 1911 de la Dynastie chinoise Qing amène de facto l’indépendance du Xinjiang, un Etat ouïghour tente de se constituer

1.2) 1933-1934 : La République islamique du Turkestan oriental est proclamée à Kashgar mais est rapidement écrasée par les soviétiques.mais la Chine nationaliste entend garder l’ensemble de son territoire. 

1.3) 1944-49 : La région s’auto-proclame semi-autonome à Yining (plus au Nord) tolérée par le Guomindang.

2)       La restauration de l’autorité chinoise par le nouveau pouvoir communiste en 1949 pour la « reconstitution du domaine impérial » 

2.1) Les vélléités d’expansion sociétiques :

-          Résolues par les accords sino-soviétiques de 1950 qui créent deux sociétés mixtes pour l’exploitation du pétrole et du gaz, l’URSS reconnaît ainsi de facto la souveraineté chinoise sur la totalité du Xinjiang.

-          Les tensions reprennent dès 1956 jusqu’à la rupture des relations sino-soviétiques de 1962 à 1990.

2.2) Le séparatisme latent des ouighours : les solutions sont fluctuantes selon les luttes de pouvoir au sein du Parti Communiste Chinois.

-          Les élites musulmanes sont tout d’abord associées au régime mais cela n’enraie pas le nationalisme ouïghour.

-          Les dirigeants musulmans sont alors écartés du pouvoir et l’alphabet arabe est remplacé par l’alphabet latin pour limiter les échanges transfrontaliers avec les républiques musulmanes d’URSS.

-          La répression durcit lors de la Révolution Culturelle qui vise la destruction de l’Islam (destruction des mosquées) et une politique de sinisation forcée (installation massive des Hans au Xinjiang).

-          Assouplissement de la politique chinoise en 1978 avec l’arrivée de Deng Xiaoping.

3)       Des espoirs d’indépendance déçus

3.1) 1991 : L’indépendance des républiques musulmanes d’ex-URSS et les mouvements nationalistes ouïghours en URSS accroissent les revendications indépendantistes ouighoures qui prennent une dimension internationale avec le rôle accru de la diaspora.

-          Mais la Chine n’est nullement ébranlée par la chute de l’URSS

-          De plus, la situation des ouïghours du Kazakhstan s’est dégradée depuis mi-1990 pour deux raisons :

a)       La faiblesse numérique de l’éthnie kazakhe (42%) fait craindre au gouvernement kazakhe des risques de guerre civile causée par la minorité russe, ce qui conduit le Président Nazarbaiev a mener une politique des minorités de kazakhisation.

b)       La Chine fait pression sur le gouvernement kazakhe, les deux pays signent en 1995 un accord de coopération pour la lutte contre le séparatisme.

3.2) La répression chinoise :

            -        1954 : La révolte ouïghoure d’Hotan est réprimée dans le sang par l’Armée Rouge.

            -     Révolte de février 1997 : lors d’une manifestation à Ghulja (Yining) contre l’arrestation la veille du ramadan de 30 dignitaires religieux de renom, les policiers et les paramilitaires tuent 167 ouïghours et en arrêtent 5000, accusés de vouloir « diviser la patrie » par une activité criminelle et fondamentalistes religieuse. 7 ouïghours sont exécutés publiquement pour l’exemple. Lors du transport des corps à travers la foule, les soldats font 9 nouvelles victimes. Le 15 octobre 2001, deux participants au soulèvement de 1997 furent exécutés, trois autres condamnés à des peines de mort suspendues pour 2 ans et six autres à des peines de prison (dont deux à perpétuité).

-          Attentats du 11 septembre 2001 : instrumentalisation de ces événements pour justifier la politique de répression dans le Xinjiang au nom de la lutte contre le terrorisme ouïghour. Le gouvernement chinois a obtenu l’extradition de militants ouïghours de plusieurs pays, dont le Pakistan, le Kazakhstan et le Kirghizistan. Il tente de négocier actuellement le transfert d’une douzaine d’Ouïghours capturés en Afghanistan et détenus à Guantanamo, que les Etats-Unis leur refusent pour l’instant car ils risquent d’être exécutés.

3.3) Les groupes indépendantistes

a)       Organisations clandestines ouïghoures actives à l’intérieur du pays : le Mouvement islamique du Turkestan oriental (accusé d’une série d’attentats au Xinjiang et sur la liste américaine des groupes terroristes depuis août 2002) et la Jeunesse du foyer du Turkestan oriental (qualifié de « Hamas du Xinjiang »). Ce dernier compterait 2000 militants dont certains entrainés en Afghanistan. Il existe une multitude d’autres groupes et mouvements mais les informations sont à prendre avec précaution.

b)       Organisations basées à l’étranger : le Comité pour le Turkestan oriental est basé à Almaty, capitale du Kazakhstan, formé à l’origine par d’anciens insurgés de 1944 et dont le leader, Aysa Beg, s’est réfugié en Turquie dès 1949. Le 19 septembre 2004 a été fondé à Washington le "Gouvernement en exil du Turkestan oriental", de régime parlementaire, dont le 1er ministre est Anwar Yusuf. Une constitution a été proclamée, et traduite en Turc, Anglais, Chinois et Japonais. Rebiya Kadeer (riche entrepreneuse ouïghoure, représentante chinoise à la IV Conférence pour les Femmes des Nations Unies de 1995 à Pékin, membre de la Conférence Consultative Politique de la République populaire de Chine, prix Rafto 2004 pour ses efforts pour les droits humains) milite également pour le respect des Droits de l’Homme envers les ouïghours depuis les Etats-Unis où elle est en exil depuis sa libération le 14 Mars 2005 sous la pression de son pays d’accueil qui a accepté en échange de retirer un projet de résolution de l’ONU condamnant sévérement la façon dont les autorités chinoises traitent les populations minoritaires de leur pays. 

I.Les origines de l’Empire ouïghour

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